•Press Release
16 mai, 2013
« Les Haïtiens et les contribuables américains ne sont pas en mesure de contrôler l’utilisation des fonds de l’aide américaine sur le terrain »
Diffusion immédiate: 16 mai, 2013
Contact: Alexander Main, +202-531-7585
Washington, D.C.– Un nouveau rapport du Centre de recherche économique et politique (Center for Economic and Policy Research – CEPR) identifie d’importants problèmes liés à la gestion de l’aide américaine en Haïti et constate un manque général de transparence sur l’utilisation de milliards de dollars engagés pour les programmes d’aide américains. Le rapport – « La boîte noire de l’aide à Haïti : accroître la transparence et la redevabilité de l’assistance des Etats-Unis » – écrit par le chercheur Jake Johnston et l’analyste Alexander Main examine l’efficacité de l’aide américaine à Haïti, sa gestion et sa conformité avec le programme de réformes « USAID Forward » et propose des mesures pour assurer une gestion plus efficace et transparente de l’aide. Publié le 3 avril en anglais, ce rapport vient d’être traduit au français.
« Des milliards de dollars sont mobilisés par le gouvernement américain pour l’aide au développement à Haïti mais la transparence nécessaire à la gestion efficace de ces fonds fait défaut », selon Jake Johnston, co-auteur du nouveau rapport. « La situation dans le pays est particulièrement préoccupante depuis le tremblement de terre de 2010, mais pour l’USAID rien n’a changé et presque aucune précaution est prise pour assurer que l’argent des contribuables américains est mieux utilisé. »
Le rapport note que les quelques évaluations réalisées des programmes de l’USAID en Haïti depuis le tremblement de terre fournissent une « image inquiétante de la manière dont l’aide des États-Unis et les efforts de reconstruction ont été menés jusqu’à présent ». Les entreprises engagées par l’USAID ont embauché beaucoup moins d’Haïtiens que prévu, les entreprises haïtiennes ont été largement exclues des appels d’offres, les objectifs des programmes d’aide n’ont pas été atteints, la supervision des bénéficiaires s’avère inadéquate et l’USAID n’a pas audité les entreprises en charge de la mise en œuvre des projets.
Le rapport révèle que sur 1,15 milliard de dollars en contrats et subventions accordés depuis le séisme de 2010, plus de la moitié ont été alloués aux dix premiers bénéficiaires de contrats de l’USAID au niveau mondial, le principal bénéficiaire étant la société à but lucratif Chemonics International Inc. Cette société est également le plus grand bénéficiaire des fonds de l’USAID à travers le monde après la Banque mondiale et l’ONU. Parallèlement, seuls 0,7% des contrats d’USAID ont été versés directement aux entreprises ou organisations haïtiennes.
L’absence de transparence est en grande partie liée au peu d’information disponible sur la sous-traitance effectuée par les bénéficiaires directs des contrats d’USAID. Sur les 540 millions de dollars en contrats accordés par l’USAID, un seul de ces bénéficiaires, MWH Americas, a rapporté des informations sur le recours aux sous-traitants dans la base de données USASpending.gov. Parmi les bénéficiaires, cinq seulement ont communiqué des données relatives à la sous-traitance.
Le rapport note que malgré “le programme de réformes « Forward » de l’USAID, l’agence a bloqué la divulgation de renseignements supplémentaires sur les activités des entreprises sous contrat ».
Le document propose plusieurs recommandations en vue d’améliorer la transparence et la redevabilité au tour de plus d’un milliard de dollars de fonds alloués aux programmes d’aide à Haïti, ainsi que pour tout le financement de l’aide à venir. Il s’agit notamment de rendre accessibles les données sur les sous-traitants ; veiller au respect des règlements fédéraux et des exigences contractuelles ; réduire le recours aux contrats pluriannuels qui favorisent les partenaires traditionnels d’USAID tout en augmentant les contrats directs avec des organisations haïtiennes ; renforcer la capacité de l’USAID pour mener à bien le suivi et l’évaluation efficace des programmes d’assistance ; rendre les évaluations accessibles au public ; assurer la participation des populations locales ; et faire en sorte que toutes les informations disponibles sur les programmes d’aide soient accessibles aux Haïtiens – y compris via des traductions en créole haïtien.
« Sans transparence, non seulement il est impossible pour les contribuables américains de savoir ce qui est fait avec leur argent, mais le gouvernement haïtien et la population haïtienne n’ont guère la possibilité de veiller à ce que les projets financés par les Etats-Unis aident réellement Haïti à se reconstruire et à faire face aux besoins humanitaires urgents », déclare le co-auteur du papier, Alex Main.
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