•Press Release
18 Janvier 2011
“Extrêmement inhabituel de voir une autorité électorale changer les résultats d’une élection sans un recomptage intégral des votes.”
Pour Distribution immédiate: 18 janvier, 2011
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Washington, D.C.- Une analyse du Center for Economic and Policy Research montre que les conclusions d’un rapport sur les élections présidentielles en Haïti réalisé par une Mission “d’experts” de l’Organization des états américains (OEA) [PDF]- qui recommande une modification du résultat du premier tour des élections – présentent de graves lacunes au niveau méthodologique et statistique et sont arbitraires.
“Il est éxtremement inhabituel, et peut-être sans précedent, de voir une autorité électorale changer les résultats d’une élection sans effectuer un recomptage intégral des votes,” a affirmé Mark Weisbrot, Co-directeur de CEPR et co-auteur de l’analyse. “Je n’ai jamais vu ce genre de chose se produire.”
“Mais qu’une mission étrangère le fasse avec une méthodologie aussi défaillante, et que des gouvernements étrangers appliquent ensuite de la pression sur Haïti pour ce résultat modifié soit accepté – cela ne fait qu’affaiblir d’avantage le processus démocratique”, a ajouté Weisbrot.
Le rapport de la Mission de l’OEA indique qu’ils ont décidé d’exclure 234 feuilles de pointage ce qui a mis Jude Celestin, le candidat du gouvernement, en troisième position derrière Michel Martelly, un chanteur populaire, lequel se retrouve en deuxième position avec une très petite marge d’avance de 0,3 % du vote (3,200 votes en tout.) Cependant, il y avait à peu près six fois plus de feuilles de pointage qui étaient ou bien mises à l’écart par l’autorité électorale ou bien perdues. Ces feuilles de pointage perdues/non transmises venaient de régions où l’on observait une proportion de votes en faveur de Celestin, bien au dessus de la moyenne. Un rapport précédent de CEPR estime que si ces feuilles de pointage avaient été incorporées, Celestin aurait terminé en deuxième position, comme est indiqué dans le décomptage d’origine. Il est important de savoir que seuls les candidats qui occupent la première et deuxième place peuvent participer au deuxième tour des élections.
Contrairement au rapport de CEPR, où toutes les 11.181 feuilles de pointage ont été prises en compte et soumises à une analyse statistique permettant d’identifier les irrégularités, le rapport de la Mission de l’OEA n’a examiné qu’un échantillon de 919 feuilles de pointage. La Mission de l’OEA – une équipe dont six des sept membres provenaient des Etats-Unis, Canada et la France – a ensuite appliqué des critères juridiques – par exemple, l’identification des feuilles de comptage qui n’ont pas été correctement signées – ce qui leur a permit d’éliminer 234 feuilles de pointage. Par contre, le rapport de la Mission de l’OEA n’a effectuer aucune inférence statistique à partir de son échantillon afin de mesurer l’impact des irrégularités sur les autres feuilles de pointage qui n’ont pas été examinées (c’est à dire, 92% des feuilles de pointage).
Le taux de participation electorale était extrêmement bas, avec seulement 27% de l’électorat se rendant aux urnes. Une participation aussi faible n’a pas été enregistré dans l’hémisphère occidental, et compris Haïti, depuis plus de 60 ans. Un pourcentage d’électeurs encore plus réduit – 22,9% – a vu leurs votes comptés et le taux de participation était encore plus faible dans les régions les plus affectées par le tremblement de terre avec seulement environ la moitié du taux de participation enregistré dans le reste du pays.
“Ce n’est qu’une autre raison évidente pour laquelle il faut refaire ces élections,” a dit Weisbrot.
La majorité des Haïtiens qui ont voté dans la dernière élection présidentielle en 2006 – où il y a eu un taux de participation de 59,3% – n’ont pas voté dans ces élections.
Le Président Haïtien René Preval et le Conseil Electoral Provisoire sont soumis a une forte pression politique de la part des Etats Unis, France et d’autres gouvernements pour qu’ils acceptent la modification des résultats électoraux recommandée par la Mission d’Experts de l’OEA. Les analystes craignent qu’il puisse y avoir plus de troubles sociaux si les autorités haïtiènnes acceptent les conclusions du rapport.
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